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Le trashtalking…est ce une bonne chose pour les arts martiaux?

Derrière ce titre délibérément provocateur, nous allons essayer de comprendre les raisons de l’existence du « trash talking » dans l’univers des arts martiaux mixtes et pourquoi cela est tout à fait naturel.

Le « trash talking » n’est pas du tout une pratique courante en France, et le terme n’a pas vraiment d’équivalent français. Pour ceux qui ne sont pas familiers avec ce concept, voici la définition qu’en donne Wikipédia :

Le « trash-talking » (appelé aussi provocation verbale ou « chambrage ») désigne le fait de tenir des propos insultants ou provocateurs envers l’adversaire lors de compétitions sportives. Profondément enracinée dans la culture sportive nord-américaine, cette pratique vise principalement à déstabiliser et intimider l’adversaire, mais peut aussi avoir une dimension humoristique.

• UNE PRATIQUE MAL VUE DANS LE SPORT AMATEUR

Dans le milieu du sport associatif et amateur, le « trash talking » est mal perçu, car il renvoie à un comportement déplacé susceptible de compromettre les efforts des enseignants envers les jeunes athlètes. De nos jours, les sports de combat revêtent une dimension éducative importante, les professeurs s’efforçant de transmettre des valeurs morales aux jeunes pratiquants. Ces enseignants cherchent à élever en noblesse des disciplines qui ont longtemps souffert d’une réputation controversée, surtout en ce qui concerne les arts martiaux mixtes. Les attitudes anti-sportives sont rares lors des tournois amateurs, les compétiteurs étant encouragés à faire preuve de fair-play.

Un bref rappel sur l’histoire du jiu-jitsu brésilien et du MMA :

Bien que de nos jours les sports de combat aient évolué au-delà de leur passé lointain, il est important de se souvenir que la violence demeurera toujours enracinée dans l’ADN de nos disciplines préférées. L’histoire des arts martiaux n’a pas toujours été exempte de tumultes, car elle puise son essence dans le contexte de la guerre. Cet esprit guerrier, indissociable des arts martiaux, a perduré dans le temps à travers des défis entre maîtres et des rivalités entre académies. Le trash talking n’est qu’une petite trace résiduelle de l’ego qui caractérisait l’esprit guerrier d’antan.

Examinons le contexte de la naissance du jiu-jitsu brésilien : l’origine du JJB est avant tout liée à l’histoire d’une famille de combattants, la famille Gracie, dirigée par Helio Gracie. Celui-ci avait pour mission de démontrer que son style, le « Gracie Jiujitsu », était le plus efficace. Pour prouver la suprématie de son art, comment s’y prenait-il ? En défiant toutes les écoles d’arts martiaux du Brésil, en affrontant à mains nues quiconque acceptait le défi de se mesurer à lui ou à un membre de sa famille. À cette époque, le Brésil était le théâtre de véritables guerres entre académies.

La genèse du MMA moderne est d’ailleurs intimement liée à l’histoire de la famille Gracie et au « vale tudo » (des combats où tout était permis) – un contexte plutôt violent. La famille Gracie a joué un rôle dans l’avènement de l’UFC. Les premières éditions de l’Ultimate Fighting Championship étaient une occasion supplémentaire de prouver la supériorité du Gracie Jiujitsu par rapport à toutes les autres formes de combat. Les combats se déroulaient à mains nues, sans catégories de poids, et à l’instar du vale tudo, presque toutes les techniques étaient autorisées. Pendant longtemps, le MMA a souffert de son image d’extrême violence, où les règles pour protéger l’intégrité des combattants étaient quasiment absentes.

L’industrie du divertissement :

L’UFC est souvent critiquée pour sa tolérance envers les comportements déviants de certains combattants et parfois même pour exploiter des incidents graves (comme la rivalité entre Khabib et Conor McGregor et l’incident du « bus » à New York) entre les combattants, au lieu de promouvoir une attitude martiale basée sur le respect. Les critiques envers l’UFC ne sont pas infondées, cependant, elles négligent le fait qu’il s’agit d’une organisation sportive privée.

Lorsque l’on sort de l’univers de l’amateurisme pour entrer dans le monde professionnel du sport, les mentalités évoluent. Le « trash talking » prend toute sa signification dans le contexte médiatisé et lucratif des organisations sportives privées. Il devient un outil de promotion visant à susciter l’intérêt pour les rencontres entre les combattants, évitant ainsi de dépenser des millions en communication. Les confrontations en coulisses, les insultes sur les réseaux sociaux, les conférences de presse se transformant en rixes générales, tous ces événements servent à attiser la curiosité des spectateurs avant le jour J.

L’UFC n’est pas une fédération sportive à la manière de la FFJDA ou la FFKDA. Les enjeux financiers y sont conséquents, avec une logique de rentabilité basée sur les retransmissions télévisées, les ventes de billets, les produits dérivés, les partenariats, etc. Au-delà de l’aspect sportif, l’Ultimate Fighting Championship offre un divertissement à un large public en quête de sensations fortes et de spectaculaire. Dans ce contexte, exploiter les rivalités entre les combattants à des fins lucratives est donc parfaitement justifié, car nous sommes dans le domaine du spectacle.

En revanche, contrairement au MMA, le monde du jiu-jitsu brésilien s’est partiellement immergé dans le secteur du divertissement. La rentabilité des événements de jiu-jitsu ne rivalise pas avec celle de la boxe anglaise, et le public des compétitions de lutte est principalement composé de pratiquants. Néanmoins, la discipline élargit progressivement son auditoire et commence à organiser des événements calqués sur des organisations telles que RIZIN ou Bellator. Certains lutteurs ont déjà saisi que, à long terme, les compétitions de jiu-jitsu deviendront un véritable divertissement touchant autant les pratiquants que le grand public. Pour augmenter leur popularité et leurs cachets, quelques combattants commencent à mettre en scène des performances et à pratiquer le « trash talking ».

Parmi les amateurs du combat au sol, Gordon Ryan se distingue actuellement comme le meilleur provocateur verbal. Ces dernières années, l’élève de la Renzo Gracie Academy a dominé toutes les compétitions de jiujitsu NO GI les plus prestigieuses, et il n’hésite pas à faire part de ses victoires sur les réseaux sociaux en répondant systématiquement aux trolls et aux combattants qui doutent de lui.

En raison de son attitude provocante et de son indéniable talent pour la domination du monde du jiujitsu NO GI, Gordon Ryan est devenu l’un de ces combattants « bankables » qui suscitent la division : on l’aime ou on le déteste, mais il ne laisse personne indifférent. Les organisateurs d’événements sportifs ont bien compris que ce type de personnalité contribue à rendre les tournois plus attractifs.

Mais qu’est-ce qui touche le grand public ? Ceux qui rejettent le trash talking affirment souvent que les provocations et les disputes verbales sont inutiles, et qu’il vaut mieux laisser les résultats parler d’eux-mêmes, prônant ainsi l’humilité. Ce point de vue est certainement noble, mais il est principalement valable dans le milieu sportif amateur où les enjeux économiques sont moins prépondérants. Dès lors que l’on entre dans le monde professionnel, la logique change car il y a de l’argent en jeu.

Pourtant, dans les arts martiaux mixtes, il y a des combattants qui ont réussi à acquérir une grande notoriété et un palmarès sportif impeccable sans recourir aux insultes ou aux bagarres en dehors de l’octogone. Demetrious Johnson, Georges St-Pierre ou encore Anderson Silva font partie de ces champions qui ont toujours cherché à adopter la meilleure attitude martiale. Cependant, malgré leur popularité et leurs exploits, ils n’ont jamais réussi à créer la même effervescence autour du MMA que Conor McGregor.

L’arrogance et la théâtralisation du sport n’ont jamais empêché des champions comme Muhammad Ali ou Floyd Mayweather de rentrer dans le panthéon des athlètes du siècle. En dehors du monde des arts martiaux, on constate que tous les sports populaires ont eu leurs grandes figures provocatrices, comme en témoigne la liste d’athlètes du lien ci-dessous :

https://besidesport.com/les-10-plus-gros-trash-talkers-de-lhistoire-du-sport/

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